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24 décembre 2015 4 24 /12 /décembre /2015 13:10

Jésus étant né à Bethléem en Judée,

au temps du roi Hérode,

voici des mages d'Orient arrivèrent à Jérusalem et dirent :

« Où est le roi de Juifs qui vient de naître ?

Car nous avons vu son étoile en Orient

et nous sommes venus pour l'adorer."

Matthieu ch. 2 : v.1-2

Les fameux Rois-mages… Qui ne sont pas des Rois, mais des Savants, très savants. Ceux-là, en plus, étaient très riches ; ce n'est pas toujours le cas.

Combien étaient-ils, à venir saluer le nouveau-né de Noël ? On n'en sait rien, ce n'est pas écrit. Peut-être bien étaient-ils quatre, mais il n'y en a que trois d’arrivés à Bethléem.

Et je vais raconter, pour ceux qui ne connaissent pas son histoire, pourquoi le quatrième n'est pas arrivé !

Ces quatre mages avaient vu, ensemble, la nouvelle étoile, et avaient compris qu’elle annonçait la naissance d'un roi-sauveur.

Alors, comme elle leur montrait le chemin, ils sont partis, pour le voir et l'honorer. Mais attention ! Pas comme cela : une vraie expédition, avec tout un équipage. Des dromadaires, des serviteurs, des ânes, des tentes et des coussins pour les nuits, des provisions de luxe, de beaux habits, et de magnifiques et précieux cadeaux pour ce bébé futur roi et futur sauveur.

Et ils sont partis, les quatre, avec leur bel équipage, en suivant l'étoile. Tous les quatre étaient donc très sages et très savants. Mais le quatrième était le plus gentil.

En chemin, ils rencontrent un malheureux vieillard qui leur demande de l'aide. Les trois premiers mages lui répondent :

« Nous te comprenons, mais, vois-tu, nous allons honorer le grand roi-sauveur qui vient de naître ; nous devons suivre l'étoile, et toutes nos richesses sont les cadeaux que nous devons lui offrir… Nous ne pouvons donc rien te donner, excuse-nous. »

Mais le quatrième mage s'arrête, écoute plus longtemps le malheureux, et lui dit :

« Tiens, accepte cet âne avec ces provisions, et un peu d'or ; le bébé-roi-sauveur ne t'en voudra pas, de t'avoir donné un peu de son cadeau. »

Ensuite, le quatrième mage a dû se presser, avec tout son équipage, pour rattraper les trois autres, qui avaient continué de suivre l'étoile.

Un peu plus tard, les mages passent à côté d'un abri de fortune, comme on en voit dans les camps de réfugiés, à Calais et ailleurs. Et là, quelqu'un les interpelle :

« Messieurs, regardez, dans cet abri une femme est malade, elle a besoin de soins, mais elle n'a rien... »

De nouveau, les mages répondent :

« Nous comprenons bien, mais, vois-tu, nous allons honorer le grand roi-sauveur qui vient de naître ; nous devons suivre l'étoile, et toutes nos richesses sont les cadeaux que nous voulons lui offrir… Nous ne pouvons donc rien vous donner, excusez-nous. »

Mais le quatrième mage s'arrête, écoute, descend de son dromadaire, entre dans la cabane, parle avec la malade, et finalement lui dit :

« Tiens, accepte ce grand flacon de myrrhe, qui calme, soigne et désinfecte ; et aussi cette chaude couverture de velours, et quelques provisions… Le bébé-roi-sauveur ne t'en voudra pas. »

Du coup, le quatrième mage avait pris du retard, il lui fallu faire courir ses dromadaires et ses ânes pour rattraper les trois autres, qui avaient continué de suivre l'étoile.

Encore plus loin, les mages sont arrêtés par un jeune, chômeur, qui explique être venu d'un pays victime de la sécheresse, mais il ne trouve pas d'emploi, et demande à ces riches voyageurs un petit job… Cette fois encore, les trois premiers mages répondent :

« Nous comprenons ta situation, mais, vois-tu, nous allons honorer le grand roi-sauveur qui vient de naître, nous devons suivre l'étoile, et toutes nos richesses sont les cadeaux que nous devons lui offrir… Nous ne pouvons donc rien pour toi, excuse-nous. »

Mais le quatrième mage s'arrête, l'écoute, et lui dit :

« Tiens, on va te donner un de mes dromadaires, tout équipé, avec sa charge, et ainsi tu pourras créer ta petite entreprise de transport. Le bébé-roi-sauveur ne t'en voudra pas, de t'avoir donné un peu de son cadeau... »

Puis il repart, à nouveau il doit se dépêcher pour rejoindre les trois autres, qui ont continué de suivre l'étoile et sont déjà très loin, à l'horizon.

Quelques temps plus tard, les mages voient, assis au bord de la route, une femme et son enfant en pleurs, entourés de quelques paquets. Elle raconte que son mari les a laissés et qu'ils ont été expulsés parce qu'ils ne pouvaient plus payer le loyer. Alors les mages répondent :

« Nous comprenons votre malheur, mais, vois-tu, nous allons honorer le grand roi-sauveur qui vient de naître ; nous devons suivre l'étoile, et toutes nos richesses sont les cadeaux que nous devons lui offrir… Nous ne pouvons donc pas vous aider, excuse-nous. »

Mais le quatrième mage s'arrête, l'écoute, et lui dit :

« Viens, conduis-moi chez ton propriétaire, je lui achèterai votre logement, pour toi et ton enfant, avec une partie de mes cadeaux ; et j'y ajoute ce coffre d'encens pour parfumer votre logis… Le bébé-roi-sauveur ne t'en voudra pas. »

Cela a pris du temps, et cette fois, les trois mages sont loin, on ne les voit plus… L'étoile elle-même a disparu de l'horizon.

Alors le quatrième mage se dit ‘L'étoile a toujours montré l'ouest, continuons vers l'ouest, je finirai, moi aussi, par trouver le bébé-roi-sauveur ! »

Mais en route, le quatrième mage rencontre un couple qui se dispute, alors il s'arrête, leur dit ‘bonjour’ et leur demande un service :

« Pourriez-vous me montrer le chemin jusqu’à un puits ? »

En chemin, ils bavardent de tout et de rien, du temps, de la sécheresse, du climat, du Dieu qui nous protège et nous pardonne ; si bien que, d'avoir ainsi parlé et de l'avoir aidé, l'homme et la femme repartent heureux et réconciliés…

Une autre fois, c'est un enfant qui s'est perdu, tout seul, alors tout l'équipage du quatrième mage se détourne pour chercher et retrouver son chemin et le raccompagner jusque dans sa famille…

Ainsi, de rencontre en rencontre, de cadeau en cadeau, le temps passe, les jours passent, les années passent, et finalement le quatrième mage arrive enfin en Israël, à Jérusalem. Mais seul, à pieds, sans équipage, ses beaux habits tout usés, il a tout donné au fur et à mesure… Quant à l'étoile, elle a disparu depuis bien longtemps.

Mais cela ne fait rien : tout ce long voyage était pour voir l'enfant-sauveur... il le verrait !

Alors il interroge tout le monde à Jérusalem :

« Où est donc l'enfant-roi-sauveur ? Où est son palais ? » Mais personne ne comprend de quoi, ni de qui, il parle. Quel enfant-roi-sauveur ? Quel palais ? Personne ne sait. Rien, aucune trace, pas le moindre indice, pas le moindre souvenir.

Alors le quatrième mage sort de Jérusalem, va de village en village, de campagne en campagne, interrogeant chacun, chacune… Jusqu'à ce qu'un berger, aux abords du désert, lui dise :

« Ah, oui, je me souviens… Oh, c'était il y a longtemps ; dix ans peut-être. On y avait cru. Il faut dire : cela avait été quelque chose ! Des anges partout dans le ciel, la musique dans le ciel, une naissance étrange, dans une étable, vous imaginez ? Et un tout petit, si petit, mais si beau, des parents étonnants, tout ce monde autour ; j'y étais, avec les autres bergers ; et puis les mages, venus d'Orient, magnifiques avec leur cadeaux somptueux… ! A Bethléem, c'était.

Mais après, cela a tourné au drame, et même à l'horreur. C'est le roi Hérode – il est mort depuis – qui ne voulait pas d'autre roi que lui en Terre Sainte : il a fait égorger tous les enfants de moins de deux ans, vous vous rendez compte ?

Et l'enfant a disparu. Certains disent qu'ils ont pu s'enfuir en Égypte, puis qu'ils sont revenus. Allez savoir ! Toujours est-il qu'on n'a plus entendu parler d'eux, et que tout cela, c'est oublié maintenant... »

Mais le quatrième mage ne voulait pas renoncer. Il a enquêté. Longtemps. Partout. Témoin après témoin, indice après indice, souvenir après souvenir... Il est finalement arrivé à Nazareth. Et là, il a trouvé l'enfant, sa maison, ses parents. Jésus, son nom. Mais juste un enfant comme les autres, normal, banal, rien de spécial, rien d'un roi. Le fils d'un charpentier et d'une femme simple, pieuse, croyante, mais rien d'une reine…

Le quatrième mage a quand-même parlé avec l'enfant. Il a été surpris de sa sagesse, pour son âge. Mais aussi de sa très grande gentillesse. Alors le quatrième mage lui a raconté son long voyage, il a parlé de toutes ses rencontres, de son incroyable retard, de la dispersion de tous ses cadeaux, de sa longue quête, et qu'il n'avait plus rien à lui offrir…

« Oui, je sais, lui a dit l'enfant.

Tous les cadeaux que tu as donnés en chemin, depuis dix ans, c'est à moi que tu les as donnés. C'est aussi moi qui les ai reçus. Le vieillard, la femme malade, le jeune chômeur, la mère et son enfant, le couple fâché, l’enfant perdu, et tous les autres, c'était moi, aussi.

Et c'étaient de vrais cadeaux que tu faisais, qui venaient tout droit de ton cœur, car ce n'étaient pas comme des offrandes pour un roi, mais des dons sans espoir de retour, pour des malheureux que tu as sauvés…

Et je vais te dire : tout ce temps où tu m'as cherché, tu n'as fait que me rencontrer, moi ; j'étais là, à côté de toi, et c'est moi qui te recevais quand tu donnais. Tu m’as ainsi montré le chemin de la bonté. »

Alors oui, vous aussi, vous tous,

chaque fois que vous donnez de votre cœur,

c'est aussi à Jésus, l'enfant de Noël, que vous donnez.

Jean-paul Morley

Veillée de Noël 2015

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